Notre région Hauts-de-France se trouve à nouveau au cœur de la tempête sociale. Les premières lames de fond post-covid s’abattent. L’automne vient à peine de commencer que les plans de licenciements se multiplient.
C’est Cargill à Haubourdin où j’accompagnais début septembre Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis pour soutenir les salariés.
C’est Agfa à Pont-à-Marcq, Auchan, et enfin Bridgestone à Béthune. Toute l’hypocrisie et le cynisme du capitalisme du « monde d’après » éclate au grand jour.
A Bridgestone, on licencie même par vidéo. Aboutissement honteux du management 2.0.
Face à cette océan rempli de naufragés du travail, de laissés pour compte, nous avons un devoir. Réarmer le bras de la puissance publique, protéger les salariés et planifier la relocalisation de nos activités. Un concert de pleurs accompagne le cercueil de l’emploi : Bruno Lemaire, Elisabeth Borne, Xavier Bertand, Jean Castex… Ils sont tous responsables de la désindustrialisation de notre pays. Nous sommes pour notre part depuis bien longtemps conscient de la perversité du système économique actuel reposant sur le libre-échange destructeur et cynique.
–Notre première mission : refaire de la région, une région de l’emploi pour toutes et tous.
Notre région est en décalage par rapport au taux de chômage national et continue de payer l’addition d’une désindustrialisation radicale: Presque 10 % sur l’ensemble de la région, avec une pointe à plus de 11 % dans le département de l’Aisne.
Pourtant, des gisements d’emplois existent : L’économie de la mer connecté à un tissu industriel rénové et durable, l’agriculture paysanne et biologique sont des pistes à suivre.
Il faut pour cela développer une stratégie industrielle durable au long cours. La région doit amorcer et lancer un processus de planification économique. Si l’on doit relocaliser la production industrielle, il faut commencer par former. Nous avons besoin d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs spécialistes de l’éolien, du solaire, du recyclage, de la dépollution.
Nous pouvons aussi par exemple faire des Hauts-de-France une région tournée vers l’agriculture bio. Il est indispensable pour ce faire d’agir pour la formation et pour favoriser l’acquisition de terre et l’installation de nouveaux maraîchers et agriculteurs. Est-il acceptable que la métropole lilloise ne possède par exemple qu’une formation publique en maraîchage bio réduite à moins de 20 places ?

C’est en développant les formations aux métiers du futur que nous pourrons faire avancer les Hauts-de-France sur la voie de la transition écologique et sociale.
La crise du COVID nous amène à repenser nos circuits, nos habitudes de consommation. Il en va de même pour le secteur du tourisme qui est amené à se transformer. Il faut rompre avec le tourisme de masse destructeur et polluant, développer et encourager le tourisme local et responsable . Notre région a en sa possession des atouts touristiques de premier ordre. Ainsi à l’été 2019, le nombre de nuitées dans les Hauts-de-France a augmenté de 7,5 %. On note une forte progression des touristes résidentiels ( + 9,5%) tandis que le nombre de touristes étrangers augmentait de 2, 1 %. Cette hausse est très importante dans les départements de l’ex- région Picardie. Tourisme vert, tourisme de la mémoire avec les champs de bataille de la Grande Guerre, tourisme balnéaire et littoral forment une offre complète et diversifiée. Nous avons les cartes en main pour devenir une grande région de tourisme durable!
C’est en planifiant le développement ces secteurs porteurs d’emplois d’avenir que nous pourrons faire avancer les Hauts-de-France sur la voie de la transition écologique et sociale.
– Notre ambition : faire des Hauts -de-France la région de la santé pour toutes et tous
Dans notre région, très humanisée et marquée par les activités humaines polluantes, nous payons la double peine : nous sommes une région au très faible couvert forestier et nous cumulons des pollutions industriels lourdes.
La cas de l’amiante est particulièrement évocateur. J’en ai déjà parlé longuement au moment de la campagne européenne lors de laquelle j’étais candidat. Ce problème est une bombe sanitaire silencieuse. Les dérobades du gouvernement sur ce dossier sont honteuses et insultent la mémoire des sacrifiés de l’amiante.
Je propose que nous prenions le problème à bras le corps : en 6 ans nous pouvons faire de notre région, une région sans amiante. Il nous faudra articuler notre action avec les conseils départementaux, les instances sanitaires régionales et nationales. Il sera aussi nécessaire de solliciter l’échelon européen pour mener la bataille.
Vendredi 9 octobre 2015, quelques centaines de personnes se sont rassemblées face au 10 avenue Messine à Paris, siège de l’ancien Comité Permanent Amiante, afin de réclamer un procès pénal contre les responsables du scandale de l’amiante en France. Les nombreuses victimes et proches des victimes ont manifesté ensuite dans les rues de Paris.
Mettre fin au scandale de la mort silencieuse, voilà l’ambition. Des milliers de tonnes d’amiante dorment encore chez les particuliers et au sein des bâtiments publics. Nous pouvons développer un secteur économique porteur d’emplois : les opérations de désamiantage nécessite un savoir-faire bien précis, sa destruction demande de développer des structures industrielles de pointe. Au delà de la question de l’amiante, il nous faut aussi affronter et réduire les conséquences de nombreuses autres pollutions industrielles.
Agir sur l’environnement dégradé c’est agir pour la santé de toutes et de tous. Ainsi la désindustrialisation nous a laissée un lourd héritage : un des plus importants taux de friche polluées d’Europe. Nous pouvons porter un grand plan régional de dépollution en encourageant l’utilisation de techniques innovantes et d’emplois spécialisés. Il en va de même pour les pollutions ponctuelles qui frappent régulièrement : comment ne pas penser aux récents évènements qui ont ravagés la faune et la flore peuplant l’Escaut et la manque de réactivité des pouvoirs publics ?
Bien sûr les autres compétences de la région sont aussi à reconquérir . J’aborderai dans un autre article la question des transports -éminemment stratégiques dans l’organisation de la transition écologique et sociale- ou encore celle de l’éducation et de la culture : n’oublions pas le rôle central joué par la région au cœur des lycées.
Ce que je veux montrer ici c’est la nécessité de lier de façon étroite la politique de l’emploi et la question de la transition écologique. Pour réussir ce pari et mettre fin au tête-à-tête mortifère entre la droite et l’extrême-droite auquel nous assistons depuis 2015 au conseil régional, notre région dispose d’atouts indéniables: son histoire, faite de solidarité, de combats sociaux et surtout, de l’énergie de ses habitants et habitantes !