VALDUNES: le dernier fabricant français de roues et d’essieux pour le ferroviaire en danger

Avec le député François Ruffin et mes collègues conseillères régionales Marine Tondelier (EELV) et Sarah Kerrich-Bernard (PS), je suis venu à Valdunes pour soutenir ces salariés indispensables à notre souveraineté industrielle : ils fabriquent roues et essieux pour le ferroviaire. C’est la dernière entreprise française à réaliser ces produits. On parle ici de près de 400 emplois, sans compter les emplois indirects. Comment développer le fret et les transports durables sans eux ? Impossible sans le travail des ouvriers, techniciens, ingénieurs de l’entreprise Valdunes.

L’entreprise chinoise MA Steel, actionnaire principal de Valdunes a décidé d’abandonner en rase campagne les sites de Trith-Saint-Léger près de Valenciennes et de Leffrinckoucke près de Dunkerque. Elle laisse quelques semaines à peine pour trouver un nouvel actionnaire.L’Etat doit prendre le relais pour sauver l’ emploi et le savoir-faire unique. Le rapport de force se joue maintenant.

Le 13 mai dernier une marche unitaire et citoyenne pour l’emploi a rassemblé beaucoup de monde à Trith-Saint-Léger. Avec les élus de la NUPES et mon collègue élu régional Cédric Brun, nous appuyons les revendications des travailleurs : le maintien de l’activité est indispensable. On ne peut pas laisser mourir une industrie stratégique. À l’usine de Trith comme à forge de Leffrinckoucke, nous avons besoin des ouvriers, techniciens et ingenieurs pour construire notre avenir.

Nous demandons à l’Etat d’être enfin à la hauteur de enjeux et de procéder à une entrée au capital, une nationalisation même temporaire afin de se donner du temps pour retrouver un repreneur fiable qui cette fois ne viendra pas saboter l’outil de production et récupérer les brevets avant de s’en aller. Au niveau européen, c’est tout le débat du protectionnisme social et environnemental aux frontière de l’Union Européenne qui est relancé. Comment pourra t-on réindustrialiser sans protéger les brevets, savoir-faire et emplois essentiels à la transition écologique de nos territoires?

Julien Poix, conseiller régional des Hauts-de-France

Vallourec: un fleuron industriel français en danger de mort

Le 19 mai dernier l’entreprise Vallourec, premier producteur mondial de tubes en acier sans soudures, annonçait la suppression de 2950 postes sur les 17000 que compte l’entreprise au niveau mondial. Dans le département du Nord, c’est la destruction de 350 emplois et la fermeture de la tuberie de Saint-Saulve près de Valenciennes (104 personnes) qui sont actés. C’est la triste conséquence des décisions prises depuis des années par l’entreprise avec la complicité de l’Etat qui n’a jamais été en mesure de protéger ces emplois indispensables ou de déployer une stratégie industrielle cohérente. De 1400 emplois en 2014, on est passé à 104 salariés en 2021. En 2016, Vallourec fermait le laminoir du site de Saint-Saulve : plus de 400 emplois disparaissaient. Face à cette décision qui condamnait à terme le site, la mobilisation avait été forte. Jean-Luc Mélenchon était venu soutenir les salariés et rappeler l’importance des emplois industriels pour faire la bifurcation et la planification écologique. Les tubes produits par Vallourec peuvent en effet être utilisés dans les secteurs d’avenir du transport d’hydrogène ou dans le développement de la géothermie.


Vallourec ne paraît pas être en difficulté: au premier trimestre 2022, l’entreprise a engrangé 916 millions d’euros de chiffre d’affaire. Abreuvée de subventions publiques et de prêts de la BPI,  Vallourec en a profité pour transférer ses activités au Brésil ou en Chine. Presque 1 milliard d’aides cumulées reçues pour financer des destructions d’emplois!  Récemment, Vallourec a même  encore perçu un prêt de 262 millions d’euros!

En 2016, j’accompagnais Jean-Luc Mélenchon et Philippe Juraver qui étaient venus soutenir les salariés de Vallourec suite à une nouvelle vague de suppressions d’emplois.


Les élus LFI au conseil régional des Hauts-de-France et les députés du Nord Ugo Bernalicis st Adrien Quatennens demandent le remboursement des subventions et prêts accordés à Vallourec par l’agglomération, la région et l’Etat. Cette tragique situation pose à nouveau la question de l’absence de conditionnalité des aides accordées par l’Etat aux multinationales. Le temps des chèques en blanc signés par les gouvernements successifs doit finir.


Une fois de plus le pouvoir macroniste a menti et a abandonné les travailleurs: Monsieur Macron, alors ministre de l’économie, avait promis en 2015 qu’il n’y aurait pas de fermeture et de départs contraints. Le président doit à présent rendre des comptes aux familles des salariés de Vallourec à Saint-Saulve et à Aulnoye-Aymeries.


Julien Poix, conseiller régional des Hauts-de-France 

julien.poix@hautsdefrance.fr

Rencontre avec les syndicalistes de Vallourec Saint-Saulve dans le Nord, 2016

Scènes de crime

-Les truands à l’offensive

Mader Colors, Nidaplast, Stocks américains, Castorama ….Dans le Nord,  la liste des attaques incessantes contre les salariés et leurs droits ne cesse de s’allonger

Depuis septembre, les « énergies » semblent libérées, les éléments déchainés : Macron a  a assouvi les fantasmes ultra-libéraux d’un certain patronat revanchard.  « Le code du travail, voilà l’ennemi ! Le blanc-seing accordé par Macron à travers ses ordonnances a achevé de transformer le monde du travail et le « dialogue social » en Far Ouest.  On ne compte plus les cas de personnes licenciées arbitrairement et sans recours, de syndicalistes menacés verbalement, les situations de refus complet de dialogue de la part des directions. La désorganisation des « rapports sociaux » dans l’entreprise est complète, l’opacité est générale, l’impunité, totale. De ce « chaos libérateur » organisé par les ordonnances Macron, doit naitre l’harmonie. La croissance sans fin et  la relance de l’emploi sont ensuite censées suivre. Mais l’illusion a été de courte durée. Madame Pénicaud  a elle-même reconnu récemment que la dérégulation du monde du travail n’amène pas « mécaniquement » la relance de l’économie et la baisse du chômage. Trop tard. Les escrocs avaient déjà accompli leur œuvre.

Dans les entreprises citées en ouverture de ce propos, un point commun : les directions s’estiment déliées de toute obligation, de toute responsabilité morale. Elles ne jugent même plus utiles d’informer les délégués des salariés au travers des conseils d’administration sur la stratégie de l’entreprise.  Un rideau de fer est tombé sur le dialogue social et la « démocratie d’entreprise ».

Il me revient à l’esprit une image glaçante et grise : celle d’une façade d’immeuble haussmannien au cœur de Lille.  Ce bâtiment, c’est le siège de Mader Colors, fabricant de peintures qui possède le site de Mareuil dans le Pas-de-Calais (62). La liquidation est venue  à peine quelques mois après un premier plan de licenciements. A l’interrogation légitime des salariés, la direction a offert une façade fermée d’immeuble, un mur : le siège de l’entreprise avait été complètement évacué dès le matin afin d’empêcher les salariés du site de Mareuil  de remettre leur supplique en mains propres. Le désarroi était total pour ces gens à qui on refusait même la simple amorce d’un dialogue .

 

 

 

Chez Viapost, filiale de La Poste,  qui distribue les produits Nocibé et Kiabi de vente par correspondance, les délégués syndicaux appuyés par la grande majorité du personnel demande des réponses à leur direction sur la stratégie à long terme de l’entreprise. Silence radio de la direction et inquiétude sur la pérennité de l’activité. Ici les salariés naviguent à vue.

CP Viapost-1

Ce tableau brossé à grands traits peut, j’en conviens, décourager.  A quoi bon lutter face aux trucages, omissions et à l’opacité installées comme règles dans un monde du travail aux protections atomisées ?

L’espoir surgit du collectif. Refaire collectif est la première étape vers des victoires futures. Je pense par exemple à ces co-gérants des magasins Stocks américains  dans les Hauts-de-France (vêtements, jeannerie). Rien ne prédestinait les co-gérants à la lutte. Ils étaient en autonomie dans leur magasin respectif, conscient de la difficulté de leur situation individuelle mais isolés. Sous l’impulsion de gérants courageux, ils se sont réunis un samedi matin dans un magasin, derrière le rideau baissé.  Autour d’un verre et d’un paquet de chips, ils ont sorti les contrats de travail, les liasses de bulletins de salaires. Ils ont échangé, débattu, se sont engueulés et finalement, ils se sont reconnus : ils sont dans la même galère avec un contrat et des salaires précaires (300 euros de fixe par mois, le reste du salaire consiste en commission !). De cette mise en commun des problèmes de chacun a accouché une revendication commune : la requalification de leur contrat de travail.

 

Face aux multinationales ou au grand patronat qui possèdent un vaste réseau de protection de  leurs intérêts nous avons une mission cruciale : récréer du collectif, reconstruire une organisation complète d’autodéfense et de conquête sociale. S’organiser pour ne plus subir.

-La FI mène l’enquête.

Quelle est la mission de la France Insoumise dans cette réorganisation ? Nous avons la mission d’être les enquêteurs du quotidien. Lorsque nous venons en soutient sur une lutte sociale, nous sommes souvent confrontés à une scène de crime social. Il nous faut enquêter et partir à la recherche des indices, relever les traces apparentes et « suivre l’argent ». Où va en effet l’argent public offert depuis 40 ans  aux multinationales pour la relance de l’emploi ? A qui profite le crime ?

Le groupe Castorama-Kingfisher a enregistré cette année 332 millions d’euros de bénéfices. Il a touché 30 millions de CICE. Pourtant, il va délocaliser 750 emplois en Pologne.  La raison de fonds ? Optimiser le rendement des dividendes pour les actionnaires. Difficile de combattre cette « menace fantôme », cet ennemi invisible quand au quotidien on met sous le nez des braves gens tout un lot de coupables idéaux : le chômeur, l’assisté, l’étranger, le Rom, le jeune….

 

Notre travail de militant-enquêteur est de démonter le mécanisme du crime social perpétré dans nos usines, nos services publics. Nous devons enquêter et témoigner pour que continue à exister toutes ces vies brisées par le capitalisme et l’appât du profit sans limites.

La convention de la France Insoumise à Clermont-Ferrand a pris une décision importante : elle a décidé de constituer un réseau d’alerte sur le terrain des luttes sociales et écologiques. L’espace des luttes sociales sera coordonné par Danielle Simonnet et Philippe Juraver. L’objectif n’est pas de marcher devant les syndicats ou de les remplacer dans leur formidable et indispensable travail auprès des travailleurs de ce pays. Il s’agit plutôt d’amplifier, de redonner une visibilité, un porte-voix, à celles et ceux qui n’en n’ont plus.  Le groupe des 17 députés de la France Insoumise doit puiser dans ces luttes quotidiennes, l’inspiration et la motivation qui guideront son travail. Dans le Nord, c’est l’objectif que nous poursuivons avec les députés France Insoumise Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis. Ils ont en effet souhaité placer les luttes au cœur de leur engagement parlementaire

Le dialogue constant avec les syndicalistes des secteurs publics et privés, avec les lanceurs d’alerte doit aussi nous permettre de jeter les bases de nouveaux rapports sociaux. Le programme l’Avenir En Commun porte des propositions importantes pour établir enfin une véritable citoyenneté dans l’entreprise, pour créer un véritable statut aux lanceurs d’alerte, pour accorder un droit de véto aux représentants des salariés dans les conseils d’administration.

Rassembler, réorganiser, résister, c’est la mission que nous nous donnons. Construisons ensemble cet espace des luttes sociales et écologiques : un Peuple uni (et organisé) n’est jamais vaincu !

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